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La Collection Morozov. Icônes de l’art moderne


Du 22.09.2021 au 03.04.2022


Une collection mise à l’honneur… et il y a de quoi ! ÉDLJC décrypte pour vous : La collection Morozov. Icônes de l’art moderne,  à la fondation Louis Vuitton prolongée jusqu’au 3 avril 2022 ! 

Après l’exposition de la Collection Chtchoukine à la Fondation Louis Vuitton en 2016/2017, la Collection Morozov constitue un autre volet historique majeur consacré aux grands collectionneurs russes du début du XXème siècle. L’événement est organisé en partenariat avec le Musée d’État de l’Ermitage (Saint-Pétersbourg), le Musée d’État des Beaux-Arts Pouchkine (Moscou) et la Galerie nationale Trétiakov (Moscou).

Nous avons eu le plaisir de la visiter et voici ce que nous en retenons :

L’exposition veut rendre hommage à Mikhaïl et Ivan Mozorov, grands collectionneurs moscovites d’art moderne. Elle réunit plus de deux cents chefs-d’œuvre d’art moderne français et russe. C’est la première fois depuis sa création, au début du XXème siècle, que la Collection Morozov voyage hors de Russie. Le but est de retracer l’histoire de ces industriels philanthropes et de comprendre « l’art de collectionner » qui peut nous échapper. Les frères Morozov fréquentent pendant leur adolescence les peintres russes les plus influents et bénéficient d’un apprentissage artistique. Dès la fin des années 1890, Mikhaïl Morozov entreprend de réunir une collection où voisinent Manet, Corot, Monet, Toulouse-Lautrec, Degas, ainsi que Bonnard, Denis et Van Gogh, qu’il sera le premier à faire connaître en Russie. Ivan reprend le projet de son frère : créer une collection exemplaire d’art moderne français. Il commence à s’intéresser aux impressionnistes dès 1903. Mais c’est plus concrètement avec la découverte de l’œuvre de Cézanne en 1907 qu’il s’engage résolument dans l’art de collectionner.

Voici un petit panorama des salles que vous pourrez visiter :

« L’invention d’un regard », salle introductive

L’ensemble des tableaux exposés dans cette salle manifeste l’originalité du regard porté sur la scène artistique parisienne. Ces œuvres de Manet, Picasso, Renoir, Toulouse-Lautrec et Cézanne décrivent les espaces théâtralisés de la nuit, du boudoir au cabaret. La collection passe en revue les Muses modernes, aussi bien Jeanne Samary, actrice adulée de Paris, dont Renoir effectue une paire d’études, qu’Yvette Guilbert, interprétée par Toulouse-Lautrec. D’autres toiles sont réunies autour de l’univers du café : Le bouchon d’Édouard Manet, et Les Deux Saltimbanques de Pablo Picasso. Ce sont les premiers tableaux des artistes à entrer en Russie. Peints à vingt ans d’écart, ils constituent des charnières picturales de l’avènement de la modernité en art dont Manet est l’initiateur et Picasso l’héritier, en tant que représentant du postimpressionnisme.

« Les paysages illimités de Cézanne »

Subjugué par l’originalité de Paul Cézanne, en 1907, Ivan Mozorov acquiert jusqu’en 1913, dix-huit œuvres du peintre, notamment deux variantes de la montagne Sainte Victoire, sujet de prédilection de l’artiste. C’est la passion de collectionner qui a aussi conduit Ivan Morozov à laisser un emplacement vide sur le mur de son bureau. En place centrale, il attendait un « paysage bleu » avec patience et il le trouve parfaitement chez Cézanne en 1913. Ce tableau de 1904 est l’ultime paysage de l’artiste, frôlant l’abstraction. Le bleu était pour Cézanne une couleur évocatrice de la pinède, de la forêt du Midi dans laquelle il peint. Les paysages de Cézanne sont la trace à la fois maîtrisée et hasardeuse de ce qu’un homme voit, perçoit, découvre dans son égarement face à la nature.

« De la nature des choses »

Les frères Morozov sont fascinés par la vitalité du regard novateur des peintres impressionnistes, pourtant fustigée lors de leur première exposition en 1874. A partir de 1902, les Morozov acquièrent de nombreuses toiles de Monet, Sisley, Pissarro et Renoir. On se croirait dans la première exposition impressionniste lors de laquelle un tout nouveau monde émerge, prosaïque et changeant. L’enjeu principal de ce courant est en effet d’oser voir la nature telle qu’elle est et d’en formuler une vision filtrée par la sensibilité de l’artiste.

Cette exposition vaut vraiment le détour, on ne sait plus où donner de la tête parmi tous ces chefs-d’œuvre. Si vous ne l’avez pas encore visitée, profitez de la prolongation pour y passer !


Par Leïla Somaï

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